mardi 6 mai 2008

Pour la réhabilitation des apparences

J'en tiens pour la réhabilitation des apparences. Attention : pas seulement première apparence, mais l’apparence qui continue d’apparaître, la réalité sensible, quoi.

On nous a menti (c'était en classe de terminale je crois) avec le mythe de la caverne et l’injonction de méfiance - que dis-je de méfiance, de mépris ! – à son endroit. Les belles Idées, les vilaines apparences : je dis que cela est foutaise.

L’idée est facile. L’idée vient d’abord, et dès le plus jeune âge (par exemple, l’idée de jaune comme couleur préférée, l’idée de loup, l’idée de bien et l’idée de mal). Que j’observe une scène, et ce que j’observe est instantanément dissimulée sous une foule d’Idées. C’est bien l’apparence qui m’inspire, mais celle du premier instant seulement, qui bientôt est recouverte par les concepts qui me submergent de manière incontrôlable. Un pull jaune m’est-il offert, instantanément, si je n’y prends garde, le jugement que j’ai de l’idée jaune occultera celui que je pourrais émettre sur ce jaune-ci, qui m’est proposé, avec sa tonalité et sa texture si particulières, uniques, délicates. Je ne juge pas de l’apparence, je juge les idées que l’apparence au premier instant m’a inspirées. Jugeant par exemple que le jaune est une couleur pour les enfants, je passerai à côté des plaisirs qu’aurait dû me procurer ce pull, certes jaune, mais de ce jaune-ci que le mohair exalte. Encore dans cet exemple ne parle-t-on que d’un pull : ce n’est pas trop grave. Mais si l’on parlait de vous…

S’en tenir aux apparences le plus longtemps possible, tenir en respect ces concepts que l’instinct de survie nous aura conduits très tôt à sur-développer, voilà la difficulté de l’homme. Cela demande de la volonté et de l’exercice.

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